LA VIEILLE CHARITÉ
Nichée au cœur du quartier du Panier,et accueillant de nombreux musées (consacrés à l’archéologie méditerranéenne, aux arts africains, océaniens et amérindiens ) on a du mal à imaginer que la Vieille
Charité, superbe bâtiment du 17ème siècle, ait été construite pour enfermer des pauvres.
En 1622, la ville décide de « renfermer dans un lieu propre et choisy par les consuls, les pauvres natifs de Marseille, afin que les étrangers, fainéants et vagabonds ne s’introduisent plus parmi eux », car Marseille, ville portuaire florissante, attire de nombreux immigrants cherchant une vie meilleure.
L’œuvre de la Charité est donc créée dès 1623 et, c’est en 1640, après de nombreuses années de recherches des terrains et des fonds que l’on décide de la création d’un hôpital appelé Notre Dame, Mère de Charité pour accueillir l’institution.
Au début, ce n’est qu’une sorte de grand terrain clos situé près de la cathédrale de la Major. Puis, en 1670, le conseil des échevins confie à Pierre Puget, architecte du roi natif de la ville, la construction non seulement de l’hôpital mais aussi celle de la chapelle qui y est associée.
Les travaux furent très longs (76 ans) car les problèmes liés, entre autres, au manque de moyens financiers et aux changements de plans (décision d’agrandir l’espace pendant le chantier) s’effectuèrent par étapes successives.
La particularité de cet édifice tient beaucoup plus à sa chapelle qu’au reste du bâtiment. Cependant, il est effectivement surprenant de trouver au cœur de Marseille un lieu complètement issu du baroque Italien.
Car toute l’originalité du lieu est là, cet ensemble si homogène et simple de prime abord, s’inspire de l’idée totalement baroque que les lieux de souffrance et d’expiation ont directement à voir avec la beauté.
La chapelle est un exemple quasi unique en France de baroque italien à l’époque de Louis XIV et au summum du classicisme français.
Le bâtiment est composé de quatre ailes en pierres blanches fermées sur l’extérieur et ouvertes sur la cours par des galeries sur trois niveaux. Au centre, se trouve la chapelle faite presque uniquement pour être vue de la mer, son dôme ovale est un volume pur qui répond aux formes simples des tours et des forts que l’on aperçoit en arrivant par bateau.
A l’intérieur, le génie de Puget, tient au fait qu’il réussit à réunir en un même lieu les officiants, les recteurs, les membres bienfaiteurs et les pensionnaires sans que personne ne se croise. Cette dimension scénographique est le thème de prédilection de l’art baroque et elle est ici parfaitement exécutée.
Au final, ce lieu a servi jusqu’en 1975 à héberger des pauvres, plus pour les cacher je vous rassure ! Mais il fut jusqu’à sa restauration un endroit ou les plus démunis venaient vivre (une sorte de squat).
Etrangement, ce lieu dégage une sérénité et une lumière quasi religieuse et c’est peut-être là tout le génie baroque de Puget : faire d’un lieu de souffrance et de misère un endroit ou il fait bon être et ou la beauté supplante tout.
LE PALAIS DU PHARO
Surprenante histoire que celle de cette résidence impériale ayant servi à tout…sauf à l’empereur.
Construite en 1858, ce devait être une petite habitation « les pieds dans l’eau », selon le souhait de Louis Napoléon Bonaparte qui, en visite dans la ville en 1852, voulu y bâtir l’équivalent de ce qu’avait l’impératrice à Biarritz.
Cependant, au fur et à mesure des projets du Prince et de ses architectes (Vaucher et Lefuel), elle devint de plus en plus vaste et sophistiquée. Bientôt, sa ressemblance avec le château de Biarritz se résuma à son plan en U.
En 1871, le palais n’était pas encore achevé lorsqu’au cours des journées qui suivirent le 4 septembre, la population détruisit les ornements napoléoniens de la façade et des grilles.
L’année suivante, lors de la mort de l’ex-empereur, la ville réclama son bien à Eugénie, alors seule héritière (car les terrains avaient été offerts au prince en 1855 en remerciement de son intervention lors de l’échange des terrains du Lazaret entre l’Etat et la ville). Après un long procès (qu’elle gagna !), elle offrit le palais à la cité.
Dès lors, cette résidence fut mal aimée par la ville et ce fut tour à tour un hôpital pour cholériques (juin à novembre 1884), un institut antirabique (1893) et une école de médecine (1904-1954).
Aujourd’hui, grâce à sa situation et au superbe panorama qu’il offre sur la rade de Marseille, le Vieux Port, la cathédrale et le Fort Saint Jean, le palais est devenu un lieu touristique incontournable.
La création d’un centre de congrès lui vaut une réhabilitation exceptionnelle et il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus beaux palais impériaux d’Europe.
LE PALAIS LONGCHAMP
Marseille, ville au climat méditerranéen, a longtemps connu le manque d’eau. Située au bord de la mer et enclavée sur 3 cotés dans les collines, elle n’est alimentée en eau que par un tout petit fleuve : l’Huveaune (canalisé dès le XIVème siècle).
Au XIXème siècle, il devint non seulement trop petit pour la population qui croît rapidement mais aussi et surtout terriblement insalubre, charriant de l’eau polluée et avec elle, les pire épidémies. Celle du choléra qui durât de 1832 à 1835, marqua le début d’avancées fabuleuses pour la ville. En effet, le maire M.D. Consolat décida en 1834 de ramener l’eau et la salubrité dans la cité « quoi qu’il en coûte ».
Des travaux quasi-pharaoniques furent entrepris dès 1838, car il fallut aller chercher l’eau du fleuve le plus proche de Marseille : la Durance … à 50 Km de là. Le fameux canal de Marseille, cher à Pagnol, fut construit en 15 ans. L’eau atteignit Saint Antoine en 1857 et le centre-ville en 1849 sur le plateau Longchamp. L’arrivée de l’eau dans les 2 grands réservoirs souterrains (de 4250 m2 et 4900m2) donna lieu à la création du palais Longchamp en 1862.
Car il ne faut pas s’y tromper, le palais est avant tout un immense et majestueux château d’eau. L’architecture fut confiée à Henri Espérandieu, l’architecte de Notre Dame de la Garde et de la cathédrale de la Major. Et au final, ce palais qui abrite aussi le museum d’histoire naturelle et le musée des Beaux-arts est un véritable hymne à l’eau.
Tout en haut, l’arrivée des eaux de la Durance est représentée par 1 char tiré par des taureaux camarguais (inspiration régionale !). Au centre, la jeune femme, personnification de la rivière, est suivi par ses compagnes le blé et la vigne, symbole de la fertilité. Les jets d’eau, cornes d’abondance et le splendide parc arboré, tout montre et traduit la reconnaissance des marseillais et le renouveau qu’apporte l’eau pure dans la ville.
Le décor totalement théâtral … … est typique du style d’Espérandieu, tout est grandiose et simple, une sorte de fraicheur miraculeuse.
Le parc, derrière le palais, est le seul que l’on puisse trouver près du centre-ville, et il est lui-aussi un symbole d’abondance avec ses nombreuses variétés et essences de plantes qui s’y côtoient.
Plus haut, toujours dans le parc on trouve l’observatoire d’astronomie ou l’on peut encore voir le télescope de Foucault.
Aujourd’hui encore, les marseillais abondent au parc Longchamp, devenu le théâtre grandiose des promenades familiale à l’ombre des arbres centenaires.
Le mieux est d’y aller le mercredi ou le week-end pour voir le parc sous son meilleur jour et se rendre compte qu’il a rempli son rôle d’hommage à l’arrivée de l’eau dans la cité. On y voit beaucoup de familles pique-niquer, les enfants jouant dans l’eau d’une petite rivière et les parents allongés sous les arbres profitant de la fraicheur.
Ce parc est encore aujourd’hui plein de vie, tel qu’il fut souhaité par ses bâtisseurs il ya 150 ans.