Etals de poissons et ses poissonnières, voilà l’image que toute personne pourra vous donner du Vieux-Port.
En bref
Mais le quartier est surtout le coeur de la ville, avec ses restaurants, la mairie, le fameux ferry-boat, les forts Saint Nicolas et Saint Jean.
Abbaye Saint-Victor
Si vous faites une visite de Marseille, du vieux port, en levant les yeux, vous ne manquerez pas d’apercevoir les fortifications médiévales de l’abbaye de Saint-Victor et de vous poser des questions sur ce site insolite qui domine la rive Sud du Vieux Port et fait face à la vieille ville sur la rive opposée …
Une ancienne carrière est devenue le réceptacle d’un culte funéraire privilégié dont les origines restent mal connues et seraient martyriales. Un premier monument est construit au 5° siècle : la basilique paléochrétienne donne lieu à des légendes, des récits peu à peu amplifiés qui attirent les pèlerins et favorisent les inhumations auprès des corps saints.
Un véritable parcours de dévotion est aménagé. Le culte du martyr Victor y est attesté à la fin du 6° siècle : des textes anonymes rédigés à l’intention des pèlerins tentent d’expliquer la raison d’être de ce grand complexe monumental et l’origine des reliques qui y étaient conservées. Ces textes successifs prirent appui sur le récit de la passion d’un certain Victor, racontant le supplice d’un soldat chrétien refusant de combattre et de verser le sang.
Son corps supplicié et broyé sous une meule aurait été jeté dans le Lacydon, puis dérobé par des chrétiens qui l’auraient inhumé sur la rive opposée de la ville « dans le rocher entaillé » selon les textes et donc, dans la carrière à ciel ouvert. La légende fut enrichie au cours des temps avec des « péripeties » rajoutées.
C’est alors une basilique , lieu de pèlerinage ouvert sur le monde qui ne devient un monastère, lieu de clôture fermé, que vers 790. Clercs, pèlerins et moines cohabitent à cette époque… Il s’ensuit une période traversée d’invasions et de troubles politiques : le monastère s’appauvrit et se replie sur lui-même. En 977, la vie monastique renait sous l’impulsion de l’évêque Honorat qui introduit la règle bénédictine et en 1005, le monastère gagne son autonomie. Sous l’abbé Isarn vers 1040 une première réorganisation architecturale a lieu. C’est alors seulement qu’est attribuée à Jean Cassien, moine du 5°s, la fondation du monastère de St Victor afin de le rattacher à une grande tradition monastique et lui donner des origines capitales pour son succès.
L’abbaye gagne en prestige et en richesses permettant au 13° siècle l’achèvement de l’ensemble de l’église supérieure et la construction des bâtiments conventuels. Au 14° siècle, sous l’impulsion d’ Urbain 5, abbé de St Victor et pape en Avignon, l’abside de l’église est reconstruite et l’ensemble est fortifié. Ces travaux de grande ampleur ont peu à peu modifié les anciens bâtiments paléochrétiens et les ont transformés en cryptes.
Le cloitre et les bâtiments à l’usage des moines sont detruits pendant la Révolution. L’église devient un dépôt de fourrage et des forçats sont emprisonnés dans les cryptes. L’abbaye est rendue au culte en 1804 mais entre temps les cryptes ont été dépouillées de nombreux sarcophages et colonnes que l’on retrouve dans certains jardins de Marseille. Aujourd’hui, l’ église est le seul vestige conservé de l’ensemble monastique et elle entre à l’Inventaire des monuments historiques en 1997. Malgré plusieurs campagnes de fouilles entreprises dès Juillet 1943, certaines parties du site restent inexplorées.
Aujourd’hui, lieu de culte et lieu culturel (on peut y assister à des concerts), l’Abbaye conserve tout son passé dans ses murs et si l’on sait tendre l’oreille, elle nous chuchote son histoire… A vous donner des frissons…
Promenade sur le Vieux-Port
Symbole de Marseille, le Vieux-Port a subi d’importants travaux au cours de l’année 2012 et 2013. L’objectif était de donner plus de places aux piétons et réduire la circulation automobile.
L’architecte britannique Norman Foster et le paysagiste français Michel Desvisgnes ont conduit le projet de semi-pietonnisation du Vieux-Port
Depuis la fin des travaux, le Vieux-Port et la promenade le long du Quai du Port sont redevenus un lieu de promenade pour les marseillais. Une ombrière a été construite sur le Quai des Belges. Elle fait le bonheur des passants qui aiment s’y regarder, tête en l’air, car cette dernière est aussi un immense miroir.
Au bout du Quai du Port, on peut rejoindre le fort Saint Jean et le tout nouveau Mucem.
Musée d’histoire de Marseille
Alors, vous le saviez, vous que c’est un musée essentiel pour nous tous, amoureux de Marseille ? Il nous permet de découvrir qui étaient les premiers Marseillais, comment fut fondée la ville et que fut son histoire aux diverses périodes de son évolution : de ses origines vers 600 av. J.C., puis antique, grecque, romaine, médiévale, et de la ville moderne du siècle de Louis XIV jusqu’au XIXeme siècle.
Tout d’abord, le musée d’Histoire de Marseille et le jardin des Vestiges (conservés à ciel ouvert et intégrés à un jardin), côtoient le Centre Bourse. Ils sont situés en plein coeur de la ville, tout près de la Canebière et ce n’est pas fortuit !
En effet, c’est grâce à une campagne de fouilles organisées en 1967, que furent découverts des vestiges architecturaux d’époques grecque et romaine tels que des remparts grecs, une nécropole, des puits, des bassins et des aménagements portuaires. C’est sur ce site que le musée est inauguré en février 1983, avec l’idée d’offrir au public les résultats des fouilles archéologiques de Marseille et de sa région.
En 2013, le musée a été agrandi et entièrement rénové : une vraie réussite pour un musée qui avait assez mal vieilli et qui est aujourd’hui superbement mis en valeur.
On peut ainsi apprendre comment vivaient les premiers Marseillais, les Ligures et les Salyens par exemple. Et sans doute que la pièce la plus spectaculaire reste cette épave de navire du IIIe siècle découverte dans le port antique et conservée dans un caisson étanche. Une série de panneaux raconte toute l’épopée du sauvetage de cette épave et des moyens mis en oeuvre pour la protéger des outrages du temps.
Mais n’oublions pas de flâner devant des collections plus récentes des deux siècles derniers, de l’époque industrielle notamment, qui font la Marseille d’aujourd’hui.
Et enfin, si on a un peu de temps, on peut aussi visiter la bibliothèque et la vidéothèque du musée richement dotée de quelque 16 000 ouvrages et 600 films documentaires.
Elle conserve un fonds spécialisé en Histoire, Archéologie et Muséologie. Les collections traitent principalement de Marseille et ses quartiers de l’origine à nos jours ainsi que de l’histoire de la Provence et du Bassin méditerranéen. Le fonds contient de nombreux catalogues d’expositions, notamment des Musées de Marseille, plus de mille reproductions de cartes et plans et une revue de presse thématique sur Marseille depuis 1983.
Place aux Huiles
Après bien des péripéties, la place aux Huiles a aujourd’hui retrouvé une vocation d’espace public dédié à la flânerie et on y déambule volontiers. Mais pourquoi ce curieux nom ? Tout simplement parce que c’est aussi le souvenir d’une vie mouvementée qui remonte au temps des riches commerçants de Marseille.
En effet, la Place aux Huiles, située à proximité du Vieux Port de Marseille, à l’entrée du cours d’Estienne d’orves est bâtie sur un ancien canal qui permettait aux galères d’accéder aux arcenaux : c’est le Canal de la Douane.
Après la disparition des dernières galères, ce canal fut réservé à un usage commercial, des bariques d’huiles qui servaient principalement à fournir les fabriques de savon situées dans la rue Sainte, étaient débarquées et embarquées jusqu’au début du XXe siècle. C’est alors que cette place fut appelée «Place aux Huiles». Mais le canal fut comblé entre 1927 et 1929.
Et pour l’anecdote, en 1936, Marcel Pagnol tourna César et certaines des scènes du film original furent entre autres lieux tournées sur la Place aux Huiles !
On décida à un moment d’y faire l’entrée d’un gigantesque parc de stationnement automobile aérien et je vous laisse vous souvenir ou imaginer l’horreur de la chose.
mais avec la rénovation du Cours d’Estienne d’Orves, ce parc est désormais enterré et la place est maintenant devenue un lieu de promenade des plus agréables en plein centre ville !
Marché au Poisson
Le marché aux poissons est un marché très typique à Marseille.
Et même si la poissonnière de Marseille a été souvent traitée d’une manière caricaturale notamment dans le cinéma, comme Honorine la poissonnière dans César de Marcel Pagnol qui est réputée crier pour vendre son poisson et avoir un accent très prononcé et des plus vulgaires, il n’en reste pas moins que ce marché qui se tient sur le quai du Vieux-Port est devenu une institution et un des derniers lieux où trouver du poisson frais et de qualité.
Chaque matin, les femmes des pêcheurs vendent la pêche du jour et continuent à interpeller les promeneurs pour leur proposer les poissons péchés dans la nuit (genre rougets, dorades et loups), qui sont pesés, vidés et écaillés sur place.
Alors, après une petite balade, il ne reste plus qu’à les cuisiner et à les déguster si le cœur vous en dit !
Bon à savoir : le marché a lieu tous les jours de 7h30 à 12h30
Fort Saint Jean
Faisant face au fort Saint-Nicolas, le fort Saint-Jean est celui de droite en regardant vers la mer à partir du Vieux Port. Et il paraît qu’au moment de leur réaménagement, Louis XIV aurait dit : «Nous avons remarqué que les Marseillais prisaient fort les jolies bastides, nous avons voulu avoir la nôtre à l’entrée de ce grand port». C’était peut-être un chouïa ironique car ces deux forts ont été élevés suite à un soulèvement de Marseille contre la politique du Roi Soleil et les canons sont tournés vers la ville et non pas vers la mer.
Bref, au départ, c’était la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui a été construite à la fin du XIIe siècle et il parait que la Tour Carrée date du XVème siècle et fut édifiée par le célèbre roi René dont elle porte désormais le nom.
Il fut par la suite achevé sous Louis XIV qui reprend aux Hospitaliers la Tour Saint-Jean pour l’inclure dans les remparts élevés en 1666, après le remaniement des fortifications par l’ingénieur Clerville sous les ordres de Vauban.
Aujourd’hui, n’ayant plus de vocation militaire, ce fort fait partie du MUCEM. Deux passerelles relient le fort d’un côté à l’Esplanade de la Tourette et de l’autre au bâtiment moderne du musée achevé en 2013.
La Tour du Roi René est ouverte aux visites du musée : sa terrasse offre une vue unique et merveilleuse sur la rade.
Enfin, adossé au fort Saint-Jean, le Mémorial des Camps de la Mort est installé dans un blockhaus de la Seconde Guerre Mondiale et conserve en sa pénombre le souvenir d’une triste période de souffrance.
Cours Estienne d’Orves et Place aux Huiles
Tout d’abord, commençons par le début : Honoré d’Estienne d’Orves, né le 6 juin 1901 à Verrières-le-Buisson et décédé le 29 août 1941 à Suresnes était un officier de marine français, héros de la Seconde Guerre mondiale, et réputé être le premier martyr de la Résistance. Ce sont de par ses actes héroïques que doit son nom notre cours, imaginé par l’urbaniste Charlie Bové, et inauguré en 1989 et qui ressemble un peu à une grande place à l’italienne qui voit s’étendre aux beaux jours de nombreuses terrasses.
En effet, située en plein centre ville, à proximité du Vieux Port, elle abrite de nombreux bars et restaurants, et des galeries d’art telles que les Galerie Porte Avion et Galerie Sordini, à la rue Sainte (Art contemporain) et Les Arcenaulx, au 25 cours d’Estienne d’Orves (galerie d’art et restaurant). Et à ne pas rater aussi, le 21 cours d’Estienne d’Orves, où se trouve la Maison de l’artisanat et des métiers d’art où l’on peut admirer des expositions de qualité. Elle est aussi souvent le lieu de manifestations culturelles et abrite depuis peu au moment des fêtes de fin d’année, la traditionnelle foire aux santons et une patinoire en plein air.
Bon, pour la petite histoire, le Cours d’Estienne d’Orves, c’est aussi le quartier historique du centre de Marseille, délimité par le quai de Rive Neuve, la rue Breteuil, la rue Sainte et la rue Fort Notre-Dame. Il prend place au coeur du quartier des Arcenaulx, qui sont tout simplement les anciennes remises des galères du XVème au XVIIème siècles. Tout commence en 1488, quand Charles VIII décide de faire de ce quartier une remise aux galères avec la construction d’un premier tercenal (forme de radoub), puis en 1494 de six tercenaux où sont remisées et armées les galères du royaume. L’arsenal va ainsi abriter les forçats (on en comptera jusqu’à 8 000) ainsi que la garnison royale. Puis, en 1512, Louis XII commande douze nouveaux tercenaux dont six seront réalisés.
Et c’est à partir de 1529, suite à la série de déboires qui aboutissent au siège de Marseille par Charles-Quint, que François 1er ordonne la construction de treize nouvelles galères. En 1646, l’hôpital des forçats est fondé à l’initiative des frères Saint-Vincent-de-Paul. Et c’est à partir de cette date, après la construction d’autres tercenaux et de l’hôpital des forçats que le quartier prend le nom des Arcenaulx.
Enfin, c’est Louis XIV, ayant soumis la ville rebelle en 1660, qui l’agrandit encore, de la sorte qu’au moment de son apogée, à la fin du XVIIe siècle, il occupe 18 hectares et représente quelques 18.000 habitants. Et c’est toujours sur l’ordre de Louis XIV, que vinrent s’ajouter les Forts Saint-Jean et Saint-Nicolas, constituant ainsi une enclave au coeur de la cité couvrant près de 20 hectares. Un canal intérieur appelé la Darse, est creusé en 1702. Et ainsi achevé en 1707, l’arsenal de Marseille est alors le plus important de France et compte jusqu’à 40 galères en service. Mais, avec le déclin des galères, c’est en 1781 que l’Etat décide le regroupement avec l’arsenal de Toulon.
Il cède à la Ville les lieux, qui sont d’abord occupés par de riches marchands car, jusqu’au début du XXème siècle, le commerce se fait dans le vieux port, le long du Quai de Rive Neuve comme on peut le voir sur les cartes postales anciennes.
Mais avec la construction du Port Autonome à la Joliette et le déclin du commerce dans le Vieux Port, cette bourgeoisie aisée s’exile et laisse place à un quartier plus populaire et artisanal. L’édition en fait alors son quartier général. Les quotidiens régionaux et des maisons internationales comme « Les Cahiers du Sud » de Jean Ballard s’installent le long des anciens quais du canal ou à proximité, acteurs d’une vie nocturne animée et rythmée par les horaires tardifs de la presse et des journalistes.
Aujourd’hui, seuls le quotidien « La Marseillaise » et les éditions JEANNE LAFFITTE avec les fonds anciens et moderne de la librairie du même nom qui répertorient de nombreux ouvrages sur Marseille et la Région témoignent de ce passé.
Les cryptes de Saint Victor
Voici un lieu surprenant… Le visiteur qui le visite est décontenancé dans cet espace que l’on a du mal à comprendre. Le manque de repères, l’apparente anarchie des espaces crées du 5° siècle au 18° siècle, nous plongent dans l’interrogation…
Et si les cryptes n’en étaient pas ??!!!
Cet enchevêtrement de chapelles pour certaines creusées directement dans la roche, n’est que le résumé de l’histoire du site. Pour le comprendre, il nous faut remonter dans le temps où la rive Nord du Lacydon (le Vieux Port) était occupée par une nécropole. En effet, dans l’antiquité, on n’enterrait pas les morts au sein de la ville qu’il ne fallait pas souiller.
Puisque la ville était concentrée sur la rive Nord, le site de l’abbaye au Sud, qui était à l’origine une carrière antique, allait accueillir la nécropole marseillaise dès le 5° siècle avant JC. Très vite, cette nécropole fut organisée autour de tombes de martyrs, dont Victor, à partir du 5° siècle ap JC, et les familles vinrent se faire inhumer près des saints pour bénéficier de leurs bienfaits et se garantir un Salut dans l’au-delà ( on parle d’inhumations « ad sanctos »). Ainsi, un parcours est aménagé à l’intérieur de la carrière : ce parcours permet de rejoindre le lieu de culte inscrit dans cet environnement funéraire.
Ce que nous appelons aujourd’hui la Chapelle de Notre Dame de Confession (où se trouve la Vierge Noire), est le vestige d’une basilique suburbaine qu’il faut restituer à l’air libre. Ainsi, nos cryptes sont les vestiges d’un bâtiment paléochrétien fabuleux !!
Comme toutes ces basiliques qui entourent la ville (comme la basilique découverte récemment rue Malaval), ce bâtiment a pour les marseillais de l’époque, autant de pouvoir contre le mal que les murailles de la ville : elles les protègent.
L’abbaye est venue se superposer à ce batiment au 13° siècle et ainsi elle l’a transformé en crypte … Les aménagements de la période médiévale, la reprise de l’activité de la carrière au 13° siècle et les constructions plus tardives ont sévèrement perturbé la compréhension du site. On trouve dans ces cryptes, de superbes sarcophages issus de la nécropole …
Les sarcophages de Saint Victor
Seule Rome conserve davantage de sarcophages que la Provence. L’abbaye Saint Victor est le second site, après le musée de l’Arles antique à offrir autant de témoins de l’art funéraire du 4° au 5° siècle après JC. Rappelons que « sarcophage » signifie : « mangeur de chair » … Tremblez en découvrant les cryptes !!
On sait que le site de l’abbaye est occupé dès le 5° siècle avant JC par une nécropole gigantesque qui s’étendait du Pharo aux Arcenaulx (repères actuels). Les archéologues ont retrouvé des inhumations dispersées sur ce territoire qui permettent de dresser le portrait du marseilllais de l’époque : on sait par exemple, que l’espérance de vie était de 36 ans et que les femmes avaient autant de force que les hommes , ce qui sous entend qu’elles travaillaient aussi dur qu’eux !
Sur le site de Saint Victor ont été retrouvés des dizaines de sarcophages dont certains sont de véritables oeuvres d’art qui n’ont rien à envier à ceux de Rome. Certains n’ont pas été ouverts car ils sont coincés sous d’autres ou bien encore servent de fondations à des constructions ! Il faut savoir que les sarcophages se juxtaposent parfois sur plusieurs niveaux : rappelons que les morts étaient enterrés au plus près des corps saints et donc, l’espace autour des saints était très recherché … quitte à empiler les sarcophages dans un certain désordre !
Le message de la sculpture funéraire chrétienne ne s’adresse pas aux vivants : les pièces étaient enterrées et non exposées à la vue et donc, leur discours figuré est un message à Dieu. Nous trouvons soit un témoin de la foi du défunt, soit une prière pour son Salut, soit des symboles chrétiens que nous devons interpréter. Par exemple : l’Agneau représente le Christ ; les brebis souvent au nombre de 12 sont les apôtres ; et les cerfs, ce sont les fidèles … Il y a toute une imagerie qui vient rappeler que le défunt est chrétien. Pour les premiers sarcophages que l’on date du 3° siècle, les symboles sont parfois des symboles païens réemployés : par exemple, des scènes de chasse qui dans l’antiquité était un des passe temps favoris de l’aristocratie et que l’on peut interpréter à l’époque chrétienne comme un combat moral que doit livrer l’homme s’il veut être assuré de son Salut. Rappelons que le christianisme est devenu religion d’état au 4° siècle sous Constantin … avant cette date, symboles païens et chrétiens se mêlent.
La collection de sarcophages de Saint Victor est un témoin capital de l’évolution de la foi chrétienne à Marseille : ce premier art chrétien s’inscrit dans la culture de l’antiquité tardive qu’il a progressivement investie et enrichie de ses propres thèmes.
Le jardin des vestiges
A l’occasion de la construction du Centre Bourse en 1967, d’importants vestiges archéologiques ont été découverts puis mis en valeur par la réalisation de ce jardin et du musée d’Histoire de la ville qui lui est accolé.
Dès la découverte de ces vestiges, et devant leur importance historique, un arrêté d’occupation temporaire interrompt les travaux. Une zone de près de 10 000 m° fut classée monument historique. Pendant 10 ans des fouilles sont réalisées à l’intérieur du périmètre protégé tandis qu’en périphérie reprenaient les travaux du centre commercial.
Les vestiges les plus importants sont ceux des remparts :le « mur de Crinas », et une porte de la ville flanquée de deux tours. Ces remparts sont en calcaire rose de la Couronne et datent du 3° siècle avant Jésus Christ. Parmi les vestiges, on retrouve également des pierres taillées provenant de la carrière qui se trouvait sur le site de Saint Victor.
A l’extérieur de ces remparts furent découverts plusieurs autres éléments : un grand puits avec un escalier d’accès ; une grande citerne pour recueillir l’eau douce qui était destinée à alimenter les navires accostés dans la corne du port … car on a découvert aussi le port romain de Marseille.
L’élément le plus « touchant » reste la voie dallée (décumanus) qui menait au centre de la ville, l’agora, qui se trouvait sur l’actuelle Place de Lenche dans le Panier. Elle est en pierre de Cassis. De larges stries sont dessinées pour empecher le glissement des chariots. Sur le bord de la chaussée, on peut voir un trottoir aménagé. Cette voie venait d’Italie et se prolonge aujourd’hui par la Grand’rue et la rue Caisserie qui suivent donc le tracé du décumanus (voie principale dans l’antiquité qui suit un axe Est/Ouest opposée au cardo qui suit un axe Nord/Sud : ces deux voies servent de quadrillage pour la réalisation des rues, et au centre des deux se trouve l’agora).
L’accès au jardin se fait par le musée d’histoire pour les visiteurs.
Fort Saint-Nicolas
Construit au XVIIème siècle par le chevalier de Clerville sur ordre de Louis XIV, le fort Saint-Nicolas, tout comme le fort Saint-Jean situé en face, avait pour premier objectif de calmer les marseillais qui bafouaient l’autorité royale.
Rue Sainte
Explication sur l’ancienne « via sacra » qui menait à Saint Victor : facile, on y enterrait les morts de part et d’autre afin qu’il soient près du saint !
En fait, cette artère est fort ancienne et c’est un plaisir que de s’y promener si l’on sait où regarder !
Car jusqu’au milieu du XIXème. siècle, on y trouvait des savonneries, ainsi que la Manufacture Royale des Tabacs, qui déménagea ensuite pour le quartier de la Belle de Mai mais dont on voit encore l’inscription sur le porche.
On peut aussi aller admirer les santons car l’on passe près du santonnier Carbonel et son musée, pour enfin atteindre la plus ancienne boulangerie de Marseille « Le Four aux Navettes », juste avant d’arriver à l’abbaye de Saint Victor et contempler le panorama sur le port depuis son esplanade.
Eglise Saint Laurent
Au coeur du quartier ancien et construite sur l’emplacement d’un temple païen dédié à Apollon, cette belle église Saint-Laurent, en pierre calcaire rose de la Couronne, est l’exemple de l’art roman provençal. Elle est classée aux Monuments Historiques avec son campanile du XVIIème siècle et la chapelle Sainte-Catherine accolée où l’on peut admirer un Christ, une Pietà en bois polychrome et un bel hôtel d’époque Régence. Et sur le parvis, à deux pas du fort Saint-Jean, on peut admirer l’une des plus belles vues sur le Vieux-Port.
Mais l’histoire commence vers 870,quand l’éveque Babon fait construire une enceinte fortifiée sur le promontoire qui domine le Vieux Port, appelé aujourd’hui La Tourette pour protéger la ville des invasions. A l’intérieur, il fait élever une église, sorte d’annexe à la cathédrale qui se tient à l’autre extrémité du plateau qui domine la mer. Cette église prend le nom de Saint Laurent du Château-Babon.
C’est en 1249 sous l’évêque Benoît d’Alignan, que Saint Laurent devient la quatrième paroisse après la Major, les Accoules et Saint Martin. Et dans ce quartier, à l’époque, résident les pêcheurs du quartier de Saint Jean, l’église devient alors la paroisse des pêcheurs et des marins et on peut assister à des offrandes de poissons.
Et c’est en 1604, que la Confrérie des pénitents Blancs, trop à l’étroit dans l’église fait construire, en la jouxtant, la chapelle Ste Catherine, pour ses offices et ses réunions.
Par contre, En 1668, lors de la construction du fort St Jean, on démolit la part de l’église donnant sur la mer et on reconstruit le clocher, tel qu’on peut le voir aujourd’hui.
Enfin, pour l’anecdote locale, le 15 septembre 1720, au cours de la grande peste, Monseigneur de Belsunce célèbre la messe devant la porte de St Laurent entouré des patrons pêcheurs et des calfats.
Mais, en 1943, sous l’occupation allemande, le quartier est entièrement détruit et Saint Laurent subit d’énormes dommages.
Réparé depuis peu, Saint Laurent retrouve à nouveau les fidèles du quartier de la Tourette qui peuvent assister désormais aux célébrations dominicales. Mais le mobilier d’avant 1943 n’a pas été réinstallé.
Depuis l’Esplanade de la Tourette, une passerelle permet d’entrer dans le Mucem par le fort Saint Jean.
La cure du Port
Le Vieux Port est le berceau de l’histoire de Marseille. On le dit « vieux » par rapport aux nouveaux ports de la Joliette créés au milieu du 19°. Jusqu’à cette date, ce fut le seul port utilisé …
De tous temps, le vieux port a souffert de l’envasement. D’une profondeur d’environ 6 mètres au nord (coté vieille ville donc ), on devait regulierement procéder à « la cure du port ». En effet, celui-ci recevait tous les écoulements de la ville ! De plus, les pluies transformaient les rues en torrents et lui apportaient décombres, boues, et immondices ! Les ruisseaux qui suivaient le tracé de la Canebière, en particulier, le Jarret appelé « lou vallat dei cougourdo » (le ruisseau des citrouilles !) lui amenaient tous les residus des jardins ! Sans compter les navires en stationnement qui déposaient leurs offrandes !!!
On installa donc des « barquiou », réservoirs spéciaux, au bas des rues à forte pente pour retenir les détritus … mais avec l’augmentation de la population, il est devenu l’égout de la ville … Milieu 19°, le poète local Bénédit nous dit : « Je me souviens du port à l’odeur embaumée qui tue nuit et jour les mouches à la volée ! » …
Une grande amélioration fut apportée avec l’arrivée de l’eau de la Durance (1000 litres d’eau propre par seconde déversés dans le Vieux Port ) puis après l’ouverture des bassins de la Joliette qui reduisait le trafic des navires dans le Vieux Port. Le système de curage n’en fut pas moins maintenu par ce bateau dragueur que l’on appelait la « Marie Salope » !! Cela a donné naissance à une expression qui qualifie une femme qui n’est pas très difficile dans le choix de ses partenaires … et qui organise « la cure de son quartier » !!
Maison diamantée
Ne rêvez pas, cette maison n’est pas recouverte de diamants ! Les fameux diamants sont en fait des losanges en relief sur la façade. A l’intérieur de cet ancien hôtel particulier se trouvait le musée du Vieux Marseille, dont les collections ont rejoint le Musée d’Histoire. Ne pas manquer son superbe escalier !
La Maison diamantée, doit son nom à ses pierres façonnées en pointe de diamant par le maître-tailleur Marc de Barre en 1570-1572 pour le riche commerçant espagnol Pierre Gardiolle. C’est avec l’Hôtel de Cabre, c’est l’une des plus anciennes demeures de Marseille.
Elle abrita le premier échevin de la ville Pierre de Saboulin-Bolléna et est ensuite habitée par de grandes familles, comme la famille Castellane Majastre.
Elle fut morcelée sous la Révolution et à la fin du XIXe siècle, elle abrita des travailleurs du port et des immigrés italiens.
Très délabrée, elle est sauvée au début du siècle dernier, grâce à une souscription lancée par Marie-Rose Gontier-Gondran, la fondatrice de l ‘association Art et Charité et la contribution d’une quarantaine de personnalités marseillaises, qui l’achètent sans l’occuper. (Association créée en 1914, ayant pour but la défense morale et matérielle (et artistique) du plus vieux quartier de la ville, faire connaître Marseille à travers son plus vieux quartier par des visites guidées, des publications et l’édition de cartes postales.)
L’Association « Art et Charité » la lègue par la suite au Comité du Vieux-Marseille et devient ensuite le Musée du Vieux-Marseille avant d’accueillir le comité d’organisation de Marseille-Provence 2013.
A l’intérieur, on peut découvrir un somptueux escalier plafonné, orné de gypserie au très riche décor (fleurons, rosaces …) que l’on peut toujours découvrir en franchissant la porte, le maire de Marseille, s’y est engagé malgré cette nouvelle affectation.
Elle est classée monument historique depuis le 10 novembre 1925.
La tradition orale la présente comme étant le Palais du Roi René, Comte de Provence, mais ce n’est sans doute rien d’autre qu’une légende ?
Four des navettes
Tout bon marseillais qui se respecte connait bien sûr le Four des Navettes, la plus ancienne boulangerie de Marseille située presque en face de l’abbaye Saint-Victor et a gouté ces célèbres biscuits, dont le nom et la forme rappellent un bateau ! Mais il s’y attache une légende extraordinaire ! Et comme j’aime les contes, je m’en vais vous la raconter !
Bon, tout d’abord, certains disent que la navette symbolise la barque qui amena les Saintes sur la côte de Provence. Mais si l’origine de ce biscuit est depuis toujours associée aux fêtes de la chandeleur célébrées en l’Abbaye Saint Victor toute proche, il parait en fait que l’idée revient à Monsieur Aveyrous, fondateur du célèbre Four en 1781.
En effet, il décida de donner à son délicieux biscuit la forme d’une barquette vers la fin du XIIIe siècle, alors que la Marseille populaire était encore essentiellement une ville de pécheurs, quand la statue d’une vierge s’échoua vers les bords du lacydon. Elle était en bois polychrome, sa robe était verte, et elle portait une couronne d’or.
Il n’en fallut pas plus pour que le petit peuple des artisans Marseillais voit là une marque du destin et un signe de protection ! Elle fut, selon les uns, Notre Dame du feu Nouveau, selon les autres, la Vierge Protectrice des Gens de mer. Mais, quoi qu’il en soit, quoi de plus merveilleux que la naissance de cette légende et son succès toujours cher au coeur des marseillais ?
Si la navette reste très bonne, sa recette n’est plus très authentique : E471, E322, E330, E202, et colorants sont venus remplacer des ingrédients originellement plus nobles et c’est fort dommage (sources : site officiel du Four des navettes).
D’autres boulangeries à Marseille proposent également leurs navettes, notamment dans le quartier du Panier. Sont-elles plus authentiques ? Le mystère reste entier.
Institut Pasteur de Marseille
Tout d’abord, un peu d’histoire : C’est le 4 juillet 1885 que Louis Pasteur vaccine avec succès contre la rage le jeune berger Joseph Meister. C’est le début d’une grande aventure qui conduira à l’éradication de la maladie chez les humains, en tout cas et notre belle ville à participé un peu à la belle aventure.
Car c’est dans les semaines qui suivent l’expérience que le Conseil Municipal de Marseille et le Conseil Général des Bouches du Rhône émettent le vœu de créer à Marseille un centre de vaccination antirabique. Le Professeur Charles Livon est désigné pour prendre contact avec Louis Pasteur.
Ce dernier accepte de le recevoir dans son laboratoire pour lui montrer la méthode de vaccination mais refuse dans un premier temps que Livon ouvre un centre à Marseille. Et ce n’est qu’en 1893 que l’institut antirabique de Marseille est ouvert. Ce sera le premier institut antirabique de France, hors Paris. Il est inauguré en 1893 par le Docteur Livon, directeur de l’école de médecine au Pharo. Cette école devient faculté en 1930 avant d’être transféré à la Timone en 1958.
Et c’est aujourd’hui un grand hôtel (4 étoiles) qui jouit d’un emplacement idéal dans le quartier du Pharo, à deux pas du Vieux Port, et juste derrière le Fort saint Nicolas. Mais la façade a été conservée et habilement rénovée, et on peut toujours y lire son nom d’origine !
Consigne Sanitaire
Elle se situe en contrebas de l’esplanade de la Tourette, juste à côté de la Tour du Roi René. Elle a été construite au début du 18ème siècle, alors que l’agrandissement du port et des arsenaux provoquait une augmentation spectaculaire du trafic maritime et que la peste se faisait une menace de plus en plus précise et inquiétante.
C’est en 1719 que s’ajoute aux quarantaines prévues sur les îles du Frioul et à la rade flottante située au pied du fort Saint-Jean, la fameuse consigne sanitaire qui devient le siège du bureau de la santé.
C’est l’ingénieur Mazin qui conçoit ce pavillon à l’italienne, assez sophistiqué pour l’époque, sans étage, et surmonté d’un attique, dont le fronton porte les armes royales.
Par contre, on y voit aussi une statue de Saint-roch qui est en fait une copie de Chardigny et a été réalisée après la révolution.
Ce n’est qu’au 19ème siècle qu’on y adjoint un bâtiment à l’identique.
Aujourd’hui, ces consignes ont perdu leur fonction sanitaire mais abritent toujours des services administratifs.
Voir l’article sur le Musée Regards de Provence qui a rénové et installé sa fondation dans les locaux de l’ancienne Consigne sanitaire.
Immeubles POUILLON
A la suite des bombardements de 1943, la reconstruction du Vieux-Port devient après la guerre de 1939-1945, l’enjeu le plus important de la Ville.
Le surprenant alignement de près de 600 mètres de long, encadrant l’Hôtel de Ville, en est un des meilleurs exemples.
En fait, c’est l’oeuvre de Fernand Pouillon qui construit les immeubles du quai en collaboration avec André Devin, sous la tutelle de l’architecte en chef Auguste Perret.
Ce sont des blocs réguliers, construits en pierre blonde du Pont du Gard, et constituant des avant-corps massifs élevés sur de belles et agréables arcades en rez-de-chaussée.
La construction s’est établie en deux temps :
- la première tranche de 115 logements à l’ouest commencée en 1951 comprend un bloc mixte incurvé et trois blocs réguliers longs de 50 mètres ;
- la deuxième tranche de 70 logements se compose d’un seul bloc de 97 mètres à passage traversant.
L’inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 16 décembre 1993 des façades et des toitures de l’immeuble situé à l’est de l’Hôtel de Ville constitue la reconnaissance de l’oeuvre de Fernand Pouillon.
Hôtel de ville
Idéalement située sur le Vieux-Port, la mairie de Marseille ne se visite pas mais elle vaut un coup d’oeil de l’extérieur. Construite sur pilotis, elle est le seul monument qui représente l’architecture officielle du 17° siècle !
L’actuel Hotel de Ville occuppe l’emplacement de « La Loge », la Chambre de Commerce la plus vieille de France, crée dès le 13° siècle. Celle-ci se trouvait jusqu’en 1415, près de l’Hotel Dieu puis vint s’installer dans le quartier aristocratique des riches commerçants en contrebas de la butte. Cette loge subit le siège des Aragonnais en 1423 et dans la deuxième moitié du 17° siècle, la Loge était dans un état de vétusté alarmant.
Ainsi, l’administration communale et le commerce ont longtemps été confondus à Marseille. Leur « divorce » n’eut lieu que sous Louis XIV.
Alors que se construisait l’Arsenal des Galères sur la rive opposée représentant le pouvoir royal, le nouvel Hotel de Ville s’inscrit dans ce rapport de force, présentant sa façade aux étrangers venant de la mer. Mathieu Portal et Gaspard Puget (frère de Pierre Puget) ont créé une façade d’apparat, tournée vers la mer dans un souci de mise en scène de l’autorité municipale. Ainsi, ils manifestaient le pouvoir des Echevins face à celui des officiers du roi sur l’autre rive !
Le pavillon Puget
Edifié à partir de 1653, de style baroque génois, nous pouvons noter une forte articulation des masses avec un avant-corps central qui met l’accent sur le grand balcon du premier étage. Certains motifs privilégiés sont mis en évidence : volutes somptueuses, trophée royal, et surtout l’écusson de Pierre Puget, seule participation de l’artiste. (Moulage en place, original au musée d’Histoire) .
Ce pavillon avait une particularité : il n’y avait pas d’escaliers d’accès du RDC au premier étage ! Tout simplement parce que le RDC était indépendant et réservé à la Loge des Marchands. On accédait au premier par un escalier et un pont en bois relié à une maison acquise par la municipalité derrière le pavillon !
A noter : la superbe porte à l’arrière, datée de 1679 !
L’arrière Corps
Construit en 1782 (à peu près 100 ans après le pavillon Puget) sur les plans de Joseph Esprit Brun, il présente une façade sobre dans le style Louis XVI. C’est à l’intérieur que se trouve le superbe escalier monumental qui donne accès à l’arcade qui elle-même permet d’arriver à l’étage du Pavillon Puget ! Cette arcade est un véritable chef d’oeuvre de stéréotomie et est venue remplacer l’escalier et le pont en bois du 17° siècle.
A noter : à l’interieur se trouve dans le bureau du Premier Adjoint, une cheminée datée de 1797 en marbre présentant une allégorie du Triomphe de la Republique.
Jardin du Roy René
Le jardin du Roy est le « jardin d’agrément » de Marseille le plus ancien puisqu’il date du 15ème siècle.
Mais en flânant sur le quai de Rive-Neuve, parcouru tout aussi bien par les marseillais que par les touristes, très prisé pour la beauté de lieux et pour les restaurants qui le longe, on se souvient même pas qu’on promène en fait dans un jardin royal ?
Et pourtant, sur le quai de Rive-Neuve, le roi René, duc d’Anjou, comte de Provence qui règne de 1431 à 1480, achète en 1459, à l’abbaye de Saint Victor, un terrain de forme assez régulière. Le jardin du Roy occupe une zone plane en bordure de l’actuel Vieux-Port, entre le cours Estienne d’Orves, la rue Neuve Sainte Catherine et la rue du chantier. Si on en croit les gravures de l’époque, il est bordé au sud d’une longue enfilade de jardins réguliers en carrés, bordés de murs et il occupe au moins 2 hectares.
Le roi René en fait un jardin de plaisance et fait construire un pavillon pour y venir séjourner.
Le roi fait aménager un jardin d’essai, on y cultive des variétés de raisins, d’arbres fruitiers comme des figuiers ou des citronniers, des mûriers aussi, comme le mûrier blanc qui vient d’ariver de Chine. Le roi se passionne également pour les fleurs, les roses et les oeillets notamment, dont il expérimente de nombreuses variétés.
On peut dire que c’est le premier jardin botanique de Marseille !
Le « jardin du Roy » devient la propriété du royaume de France après la mort du roi René et reçoit des occupants célèbres, notamment le connétable Anne de Montmorency en 1527, ou plus tard, le Charles de Guise, gouverneur de Provence.
Le plan dessiné par Charles de Maretz qu’on peut voir aux archives de Marseille, nous donne plus de détails sur les motifs décoratifs, tous différents, qui compose le jardin à l’époque du duc de Guise. On voit sur le dessin qu’un haut mur court le long de la mer et protège les cultures du vent dominant chez nous, le mistral et qu’une cour somptueusement décorée partage le domaine en deux.
Par la suite, les religieuses de la communauté des Bernardines l’achètent et y installent leur première maison. Le jardin décoratif est alors transformé en potager et jardin vivier.
Mais l’extension de l’Arsenal des galères les oblige à quitter leur couvent et c’est l’intendant de Louis XIV qui investit les lieux pour son propre compte et transforme une partie du site en entrepôt maritime. Ce jardin prend alors par moquerie le nom de « marquisat de Rive-Neuve.
Le jardin du Roy disparait pour toujours en 1669.